Historique du village

La présence des premières communautés humaines connues ont été prouvées à l’occasion de l’expertise du site de Settiva en 1970 par l’archéologue René Grosjean.

Il y fait état d’un sanctuaire religieux de l’âge de bronze. Les autres sites de Balestra, Saltu et Tiga confirment une présence humaine organisée sur le territoire de la commune 2000 ans avant JC. Le site de Settiva a également révélé une réutilisation de sépulture contenant des restes humains datant du Moyen Age.

Bicchisano.

(du grec oisikis, centre d’une région, d’une peuplade).
Sous l’influence de Pise à la fin du XIème siècle, c’est à la faveur d’un développement des activités pastorales et agricoles que l’on assiste à l’émergence de familles dominantes sous le nom générique de Cinarchesi.
Seigneurs feudataires, les Istria accompagneront l’histoire du village et d’une partie de la basse vallée du Taravo. Entre la fin du XV ème et début du XVI ème siècle, l’office de Saint Georges décide de soumettre les seigneurs à son autorité et détruit leurs places fortes.
Ainsi disparait le château des Istria qui se trouvait à Sollacaro.
Pour se préserver de la malaria et des invasions mauresques, la plus grande partie des seigneurs s’installe à Bicchisano accompagnant ainsi un processus de réorganisation du village. En 1530, Monseigneur Giustiniani décrit les constructions de maisons fortes (torri Suttana, Mezzana et Suprana) qui allient à la fois des signes de notoriété et des éléments défensifs et permettent l’installation d’habitations de parents et employés ainsi que toute une infrastructure agricole : enclos, moulins, ruches, etc. Le centre de la seigneurie se trouve à Bicchisano qui est également le cœur de la piève de Cruscaglia appelée aussi Corsicaglia.

Petreto (site pierreux)

Petreto était constitué d’habitat primitif fixé sur les rochers et dominé par le château des Orezzacci selon le chroniqueur Ceccaldi (XII ème siècle). Il ne reste aucune trace du mythique château, cependant, les détails architecturaux de certaines maisons comme les linteaux sur corbeaux ou les réemplois d’archivoltes permettent de situer certaines constructions vers la moitié du XVI ème siècle.

L’architecture témoigne cependant d’une présence ecclésiale plus ancienne. Si les propriétaires terriens se situent à Bicchisgia, c’est une population de laboureurs et d’artisans qui prédomine à Pitretu.
L’église piévane San Ghjuvan Battista située à l’entrée du village avait perdu son titre au profit de l’église San Nicolao de Petreto, le curé étant Piévan de Cruscaglia, les deux communautés comptent alors 550 habitants, selon les écrits de Monseigneur Mascardi en 1587. C’est d’ailleurs dans le domaine religieux avec la construction du couvent San Francescu d’Istria fin du XVI ème siècle qu’une partie de l’Histoire va s’écrire : après avoir parfois servi de cadre à la révolte anti féodale de 1611 à 1615, Sébastien Costa ou Pascal Paoli y tiendront par la suite de nombreuse consultes.
Dès 1661 le couvent franciscain devient Casa di Professora sous l’impulsion du savant et théologien Paolo Olivesi.
Jean Baptiste Colonna d’Istria, futur Evêque de Nice y fera une partie de ses études.

Quelques dates:

1290 : Nicolao Boccanegra, vicaire général de l’Ile ravage l’Ornano, l’Istria et la plaine du Taravo mais subit une lourde défaite devant l’armée corse de Ghjudice di Cinarca, 1452 : à la tête de 200 soldats catalans Antone della Rocca occupe l’Istria. 1462 : opposant à l’Office St. Georges, Paulu della Rocca s’empare de Bicchisano, 1483: Vincentello d’Istria reçoit de l’Office des lettres d’investiture pour l’Istria, moitié du XVIème siècle : construction du pont d’Abra sur le Taravo pour permettre les échanges avec les autres pièves, le chemin muletier qui l’emprunte servira jusqu’en 1930. 1694 : décès à Petreto du bénédictin Giovan Battista Gentile de Monte Cassino qui fut quelques mois Evêque d’Ajaccio.
1753:Début des premières consultes des révolutions de Corse au couvent,

1764 : toujours au couvent, mise en place de la Giunta (Giustizia Paolina) pour l’Istria, Ornano, Talavo et Rocca.
1792 :Napoléon 1er passe une nuit à la Torra Suprana. 1795 : sous le ouvernement Anglo-Corse u Pitretu e Bicchisgia sont séparés et forment temporairement deux communes.

1823:Lisandru Colonna d’Istria, responsable de l’Instruction civique conçoit 30 écoles cantonales dont celle du village et en 1847 débutent les travaux des chemins vicinaux.

A la moitié du XIXème siècle sera tracée la route nationale en remplacement du chemin d’Ajaccio à Sartene qui serpentait en contre bas. Les cabanes de chantier de Penta préfigurent en 1840 ce que sera le futur hameau. La route d’Aullène (actuelle D 420) sera ouverte à partir des années 1920 et celle de Porto Pollo dans les années 1860. Le village deviendra alors une halte obligatoire pour les voyageurs.
Véritable carrefour du sud, son économie d’échanges commerciaux dépendra entièrement des routes. Transport du bois, exportation de fruits, commerces et artisanat y prospèrent, la renommée de la pâtisserie locale atteint des sommets qui dépasseront les frontières de la région. Les diligences laisseront place dès 1907 au premiers transports automobiles Ajaccio-Sartene.
En 1931 l’agglomération comptera 1572 habitants pour atteindre 1605 en 1936.

On comptait à l’époque près d’une vingtaine de bars et tous les corps de métiers étaient représentés dans un village devenu un lieu de villégiature par la qualité de son hôtellerie.
Après l’hécatombe de la grande guerre, le second conflit a aussi apporté son lot de souffrance à Petreto Bicchisano qui vivra l’arrestation massive de 38 personnes en 1943. Il faudra attendre 1950 pour que la commune se voit attribuer la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil pour honorer le sacrifice de ses Résistants dans la libération de la Corse.
Seules les commune de Bastia et Levie ont reçu cette distinction. (Voir le chapitre consacré aux Résistants de Petreto Bicchisano).
Le 1er décembre 1981, un avion yougoslave s’écrase sur le mont San Petru. Cette catastrophe aérienne, seconde plus importante de France, fera 180 victimes. (Voir le chapitre consacré à cette catastrophe) .

Références et remerciements : CRDP Corse du Sud : Taravo patrimoine, Mme Lucette Poncin : guide du Taravo, patrimoine d’une vallée, éditions Piazzola.
Textes: Daniel Breton – Photos D. Breton- Jean Claude Arrii


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